LES REVOLUTIONS TUNISIENNE ET EGYPTIENNE :
ENJEUX ET ENSEIGNEMENTS… ?!
Après la chute des dictateurs Ben Ali et Moubarak, les deux peuples arabes
se doivent impérativement de dresser des bilans aussi révélateurs que possible, s’ils tiennent
impérieusement à respecter les règles intransigeantes des révolutions populaires qui exigent soit une démarche intégrationniste prenant en compte, en fonction d’un réalisme et d’un pragmatisme calculés, l’ensemble des chantiers de développement conduits sous les anciens régimes, soit une démarche exclusionniste, faisant table rase de tous les symboles hérités des anciens systèmes.
Aussi est-il nécessaire d’interroger objectivement le nouveau paysage politique économique,
qui prévaut au lendemain de la révolution, car un peuple ne mène pas un mouvement de révolution pour rien.
En ce sens, il s’assume et il assume une lourde responsabilité vis-à-vis de son pays, de son passé, et de son futur. Il ne s’agit ni d’un coup d’état militaire, ni d’une fronde orchestrée, attisée par des partis politiques, du moins reconnus en tant que tels.
Il s’agit, selon toute vraisemblance, de révolutions populaires, ayant suivi des itinéraires bien déterminés, en passant par des étapes efficacement planifiées, et soigneusement organisées.
La jeunesse révolutionnaire se trouve vivement interpellée au sujet du troisième temps appelé « après ».C’est à ce niveau-là que les révolutionnaires s’aperçoivent des aléas d’une révolution sans le moindre fondement philosophique ou théorique, susceptible de servir de référentiel rassurant.
Pour la première fois, on assiste à des mouvements de révoltes aboutissant à des révolutions derrière lesquelles se dressent des peuples intensivement mobilisés, audacieusement et moralement prédisposés à se sacrifier jusqu’à la dernière goute de sang, jusqu’à la dernière goute de sueur, jusqu’au dernier souffle, affrontant avec bravoure et conviction les forces surarmées des régimes pourris, jusqu’au plus petit os.
Posons la question qui brûle les lèvres et taraude les esprits : une révolution populaire sans leader unique ne se déclenche-t-elle pas en trois temps, bien distincts, certes, mais qui s’articulent harmonieusement, un avant, un pendant, un après. ?!
Dans chaque temps, se croisent dans un branle-bas inouï l’inéluctable angoisse l’indispensable courage, revers fondamental de la peur, la surprenante joie et les cris assourdissants de vaincre.
Aujourd’hui, la jeunesse révolutionnaire en Tunisie et en Egypte donnent de formidables signes de lucidité, de responsabilité, de maturité, de fidélité, aux grands principes révolutionnaires : rien n’est entièrement fini, la révolution est un processus rigoureux implacable, fragile, pouvant à tout moment faire l’objet de déviation, de blocage, d’essoufflement, de ratés ou de pannes.
Une révolution populaire à la tunisienne et/ou à l’égyptienne, se base surtout sur des actions audacieuses accompagnées, je dis bien accompagnées, d’une réflexion soutenue et ciblée.
Par conséquent, les révolutions populaires tunisienne et égyptienne, n’ont ni un début, ni une fin. Elles reflètent avec une grande authenticité, les souffrances âpres et amères de deux peuples arabo-musulmans qui ont toujours refusé d’abdiquer, de baisser les bras, face à de féroces dictateurs usurpateurs, et face à deux régimes dictatoriaux, totalitaires, qui avaient tout fait pour pérenniser les souffrances et les malheurs endémiques, qui cependant, n’ont jamais réussi à entamer la volonté et la résistance populaires, aujourd’hui profondément et indubitablement citoyennes. Tout reste à faire pour l’édification de systèmes démocratiques, justes, libres, transparents, et indépendants. Aucun relâchement n’est permis. /.
DE VIVE VOIX : Mohammed ESSAHLAOUI